Le choix du conjoint dépasse le simple consentement de l'homme et de la femme. A de rares exceptions les mariages d'amour n'existaient pas. Ce sont même les parents qui se chargent de la préparation des unions. De plus leur accord est indispensable lorsque les enfants étaient mineurs. Quant aux majeurs, en pratique, il était difficile de s'affranchir de la tutelle familiale. Néanmoins, la pression de l’entourage était un puissant moteur car avoir le courage de braver les décisions parentales était un acte quasiment héroïque. En effet, la réputation familiale était en jeu. En outre, la crainte de perdre un héritage était réelle. L'idéal était donc de réaliser un beau mariage alliant agrément personnel, aspiration de la famille et maintien d'une bonne réputation. Ces enjeux varient évidemment en fonction de la condition sociale des futurs époux.

Pourtant, les parents ne sont pas des êtres horribles organisant sans cesse des mariages arrangés. Ils cherchent à susciter une certaine inclinaison entre les futurs époux. Le sentiment amoureux n'était pas un idéal. Il pouvait passer pour suspect même aux yeux de l’Église qui croyait qu'il entrainera un risque de concupiscence. Les deux époux devraient y vivre en parfaite amitié grâce à la charité et progresser vers Dieu. Cependant, dans les témoignages que nous avons, plusieurs époux éprouvent une certaine tendresse l'un envers l'autre. Dans les milieux campagnards les plus pauvres, la formation du couple est bien plus souple qu’en ville. La crainte des mariages clandestins est bien vraie. Chez les urbains, il existe de véritables stratégies matrimoniales afin d'améliorer la condition sociale de la famille. Un mariage est comme une alliance entre deux royaumes. On unit ses deux noms, deux dignités.

On va même jusqu’à regarder la beauté du blason. Tout l'intérêt des candidats aux mariages est de s'adapter à la situation familiale afin d'en tirer le meilleur parti. Majoritairement, le mariage aboutit à épouser son semblable tant socialement que géographiquement. Certes, il existe un certain déterminisme mais à cette époque il y a peu de diversité professionnelle et les moyens de communications sont peu importants.

On est aussi proche géographiquement de son futur conjoint. A la campagne, l'horizon est assez limité. Cela a tendance à diminuer au cours de la période notamment dans les grandes paroisses mais dans les petites, le marché matrimoniale reste limité. Seuls les petits notables cherchent une épouse issue d'une autre paroisse afin de répondre à leur rang.  Dans les villes, plus on monte dans la hiérarchie urbaine, plus il est possible de s'unir à quelqu'un venant d'ailleurs en raison du flux migratoire. Seule la très grande noblesse se permet même des alliances internationales.

Le célibat est plus rependu en ville : clercs, mais domestiques venus des campagnes aussi. Dans le sud, seul l’héritier prend femme. Les  cadets restent célibataires au foyer ou doivent alors partir. On marie ses enfants dans l'ordre de naissance. Aussi, à l'époque, surtout dans le nord du royaume, on considère que les époux ne doivent pas vivre chez leurs parents. Les garçons attendent alors de recevoir leur héritage alors que l'espérance de la vie ne fait que progresser lors de la période. Quant aux jeunes filles les plus pauvres certaines partent à la ville en apprentissage afin de se constituer une dot. Dans le sud, c'est plus tard encore, parce que l'héritier cohabite avec plusieurs générations sous un même toit.

La naissance d'une nouvelle cellule familiale est soumise à plusieurs rites. Les unions conclues à la va vite sont rares puisqu'on laisse le temps aux époux d'apprendre à "s'apprécier " avant l'union. Il y a trois étapes préalables au mariage:
1) Fréquentation
2) Demande
3) Noce
A la campagne les premières approches ont lieu de façon informelle. Parfois on a quand même recours à des intermédiaires voire des marieuses professionnelles. Au sein d'un village tout le monde est au courant. Quand la fréquentation devient officielle, c'est-à-dire que l'on demande l'avis des parents. La bague devient le cadeau de plus en plus courant mais on peut offrir des souliers, des mouchoirs ....

Les fiançailles devant le prêtre ne sont pas officielles. Leur but est de réfléchir sur un engagement normalement indissoluble. Beaucoup de jeunes fiancées sont laissées par le fiancé alors qu’elles sont enceintes ! Il est d'ailleurs possible d'annuler des fiançailles.
Le contrat des mariages est important dans les élites: apport de chacun, le lieu de résidence, le douaire, questions financières... On se marie selon le calendrier agricole mais aussi religieux, le plus souvent dans la paroisse de l'épouse, le matin entre quatre heures et midi. Seules les élites demandent des dispenses pour se marier le soir afin de se démarquer. Il existe aussi des rites non chrétiens tels que les bals, repas, mixture spéciale fécondation.

Les fiancés ne portent pas de tenue particulière en ce jour. Pas de robe de mariée, tous deux revêtent simplement leurs plus beaux atours. La fiancée doit pour ce jour et tous les autres qui suivront attacher ses cheveux. Les longues chevelures lâchées sont réservées aux demoiselles.
La cérémonie du mariage est assez brève, il est rare qu'elle soit suivie d'une messe et généralement le sacrement se déroule, non pas dans l'église, mais sur son parvis. Toute une série de petits rites vont avoir lieu durant la cérémonie et même après, lors notamment du coucher des jeunes mariés.

Les futurs époux se présentent devant le prêtre à jeun et accompagnés de leur suite qui constitue les témoins.
Le sacrement ne sera prononcé qu'après vérification de divers éléments. Le prêtre demande pour se faire aux fiancés s'ils ont bien l'âge voulu. L'âge voulu justement, reste assez flou aujourd'hui. Les femmes se mariaient généralement plus jeunes que les hommes et obligatoirement vierges (sauf en cas de deuxième union suite à un veuvage bien sûr). Les fiancés eux, n'avaient pas (et ne pouvaient pas) justifier de leur virginité, il était même plutôt conseillé qu'ils aient déjà connu les choses de l'amour. L'âge voulu pour une femme se présentant aux noces peut être très jeune, avant même la puberté. Mais le mariage ne devaient être consommé que lorsque la puberté serait atteinte, pas pour des raisons de morale mais tout simplement, car les rapports charnels n'ont pour seul objectif officiel que la procréation. Les plus prévenants attendrons quelques années de plus; en tombant enceinte trop jeune, la femme s'expose à de très grands risques de trouver la mort en couche. Rappelons que les rapports charnels ne sont pas autorisés, dans le cadre du mariage, que dans le but de procréer, mais que même dans ce cadre, les rapports sont soumis à un calendrier strict régit par le cycle de la femme et le calendrier liturgique.

Le prêtre demande également aux futurs époux s’ils ne sont pas parents et s’ils sont chrétiens tous les deux. Pour que le mariage soit prononcé, les époux doivent être entourés d’au moins deux témoins et avoir fait annoncer le futur mariage à trois reprises dans l’église (proclamation des bans).
Les deux fiancés se tiennent par la main droite ; ils sont déclarés mari et femme. Le prêtre procède ensuite à la lecture du contrat de douaire et fait l'inventaire de la dot de la femme. Après quoi les parents de la mariée donnent leur fille à leur gendre, c'est la dation. Enfin vient la cérémonie de l'anneau. Seule la femme portait une alliance. Cette dernière, après avoir été bénite est passée par le prêtre successivement à l'index, le majeur et l'annulaire de l'épouse tout en énonçant "au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit". S'il y a lieu, la messe se déroule ensuite dans le chœur de l'église.

La cérémonie est terminée, les époux et leurs invités se dirigent alors vers le banquet servi pour l’occasion. S’en suit une fête riche en nourritures, boissons et danses. Au moment de rejoindre leur couche, les mariés sont accompagnés par le prêtre qui bénira le lit nuptial avant de se retirer et de laisser les nouveaux mariés seuls. Le reste leur appartient.

Il y a durant cette époque une forte surmortalité notamment lors des catastrophes démographiques. Ce n'est pas concrètement la faim qui tue, mais les à côté de la faim: mouvement de population, concentration dans les villes. C'est la maladie qui tue, les épidémies qui surviennent par la fatigue, la sous-alimentation, l'errance des plus pauvres, les imprudences alimentaires. La médecine est le plus souvent inefficace, ou alors les remèdes aggraves plus souvent qu'ils ne soulagent. La peste est capable, sous l'Ancien régime, de faire disparaitre le tiers de la population en un temps très court. Dans les régions agricoles, les mauvaises récoltent peuvent entrainer de véritables drames. Seules les familles les plus fortunées sont aptes à fuir, ou sont moins affectées par les périodes de cherté. La chute du nombre de mariages s'explique par leur report en période de crise, moment peu propice aux réjouissances, mais aussi en raison de la mort de plusieurs fiancés. Quant aux conceptions celles-ci baissent puisque certains couples se séparent ou des femmes deviennent stériles temporairement en raison de mal nutrition.

La mortalité infantile reste très élevée avec une légère surmortalité pour le sexe masculin. Toutefois cette moyenne varie en fonction des régions et l'on note une grande différence entre les zones rurales et urbaines. En effet, à la campagne la durée de l'allaitement dure plus longtemps ce qui favorise les chances de survie du nourrisson. Assez logiquement, plus une femme accouche jeune, plus elle a de chance de perdre son enfant. Ces décès sont dus à plusieurs facteurs:
→ prématurité.
→ conditions d'accouchement trop difficiles.
→ malformations
→ contact avec le monde extérieur.
→ malnutritions.
Cependant on note que la mortalité infantile diminue dans la décennie prérévolutionnaire.
Une fois passé le cap de la première année, l'autre grand danger du bébé est la période de sevrage. Le passage à une alimentation solide trop rapide et parfois mauvaise, entraine bon nombres de maladies intestinales. De plus les maladies infantiles sont très virulentes : rougeole, varicelle, oreillons, rubéole, coqueluche. A cela s'ajoute aussi beaucoup de morts accidentelles. Dès lors le nombre d'enfants morts entre 1 ans et 15 ans est plus important que celui des nourrissons.

C'est pour cela que le veuvage est une chose assez courante. Beaucoup d'épouses meurent en couches. Toutefois la part des veuves est plus importante que celle des époux. Celle-ci retrouve une capacité juridique pleine. Pour la première fois de sa vie, elle n'est plus sous la tutelle de quelqu'un ce qui fait peur dans la société. Si elle se remarie l'année de son deuil, elle est privée des avantages de son premier mariage. Mais le veuvage est souvent synonyme de pauvreté. Dès lors les remariages sont assez nombreux puisque beaucoup de veufs ont des enfants à charge et ne peuvent pas s'en occuper seul.
Pas mal d'enfants perdent l'un de leurs parents voire les deux alors qu'ils sont encore jeune. Dès lors on leur assigne un tuteur, parfois même deux chez les nobles afin de s'occuper de l'enfant et /ou de ses biens. En majorité les tuteurs sont une personne issue du cercle familiale. Quant aux grands-parents ils sont généralement morts. Enfin plusieurs enfants sont confiés aux institutions où on sait qu'ont leurs prodigues des soins, de la nourriture, des vêtements voire de l'éducation.

La façon dont on fait face à la mort est très encadrée par les préceptes religieux. C'est un moyen pour les plus méritants d’accéder au paradis. Il faut donc ne pas avoir peur de la mort. L'on redoute surtout une mort subite qui empêche de recevoir les derniers sacrements. Pour ceux qui ont les moyens, il n'est pas rare de commander une messe en sa mémoire. La pratique du testament, elle, ne cesse de se développer afin de mettre ses affaires en place avant "le grand saut". On meurt généralement chez soi, non à l’hôpital comme pour les plus pauvres. On habille le mort avant de retourner les miroirs pour signifier que le temps cesse dans la maison. Les visites s’enchainent au domicile familial avant la grande soirée de la veillée. Lors de la mort du roi, celle-ci dure en moyenne plusieurs jours. Les plus modestes sont enterrés à même le sol dans un cimetière. Néanmoins, il est également possible d'être enterrés dans un couvent ou même directement dans l'église pour les nobles voire les riches roturiers. Lors de la mort d'un enfant de moins de 20 ans, c'est le père qui conduit le cortège funèbre. Lors des autres inhumations, il peut s'agir d'un gendre, d'un frère etc. La famille proche joue donc un rôle important. La durée du deuil varie en fonction de sa parenté avec le défunt. Pour le roi, celui-ci porte le deuil : un an pour ses parents ou son épouse, six mois pour un frère, une sœur, un oncle, la dauphine, trois mois pour un cousin et une semaine pour un prince du sang.
Soumis aux caprices d'une forte mortalité, les français se résignent donc et trouvent dans le discours religieux un certain réconfort.

Février et mars sont les mois où les naissances sont les plus nombreuses. Toutefois, durant la période de carême ou à la fin de l'été durant les moissons, il n y a pas beaucoup de conceptions.
La grossesse est une source d'inquiétudes pour l'épouse puisqu'elle sait que l'accouchement sera douloureux. Elle cherche du réconfort en pensant qu'il s'agit là d'expier le péché originel. Dès lors, elle se protège avec des amulettes. Si le ventre est pointu, on espère la venue d'un garçon. En tout cas, l'accouchement se déroule à la maison ou chez leur mère entourée de plusieurs femmes afin d'éviter les infanticides. Les hommes sont interdits dans la salle. La future mère doit marcher beaucoup pour faire arriver plus vite l'enfant. On a aussi peur des infections post naissance.
On remodelait le visage du bébé pour le "terminer". Quant à la mère, celle-ci reste "seule " 40 jours avant la cérémonie des relevailles qui doit la purifier.

On fait vite le baptême qui est une naissance spirituelle. De plus le bébé doit être vivant. Parfois dans les cas extrêmes, on le fait alors qu'il est encore dans le ventre de sa mère. Les parrains sont les parents spirituels.

Beaucoup d'enfants illégitimes naissent en ville puisque les filles de la campagnes fuient leur village.
Quand la honte est trop grande, certaines cherchent à les supprimer en avortant ou en les assassinant. Elles prennent des plantes ou font appelle à des "faiseuses d'anges"

L'enfant a "trois enfances" :

Première enfance:
=> Enfant est emmailloté, puis robé (1an).
=> Il mange de la bouillie de froment, seigle ou blé.

Deuxième et troisième enfance:
=> Période sevrage : 2 ans.
=> Age de raison.
=> Catéchisme, confirmation.
=> Plus de présomption d’innocence.
=> 1ère culotte.