« Le roi est à nouveau fou, le roi est fou. » Cette douce petite phrase résonne dans tout Paris. On pourrait croire à une mauvaise plaisanterie ou à un vilain mensonge, pourtant il n'est au monde rien de plus réel. « Le roi est à nouveau fou, le roi est fou.», répète sans cesse le peuple de la capitale. Charles VI qu'on appelait au départ « le bien-aimé » n'est plus qu'à présent « le fol ». Pris de folie, sauvé de la mort par une cousine, le roi n'est plus qu'un simple pantin entre les mains de sa femme : Isabeau de Bavière. Beau bouton de fleur trop vite fané, voilà bientôt quatorze ans qu'elle détient le pouvoir. Un pouvoir qui ne semble en aucun cas lui réussir. En effet, les pires rumeurs courent à son sujet. Infidèle à son mari avec le propre frère de ce dernier, elle est crainte par le peuple qui est convaincu qu'elle mange les enfants. La reine serait alors une ogresse venue des forêts de Bavière ? Une bien jolie ogresse dans ce cas, car peu de gens semblent lui résister. Finalement ne serait-elle pas plutôt une sorcière ? Or, les sorcières ne mangent-elles pas les jeunes enfants ? Mais, le peuple parisien oublie bien vite que le mal ne se trouve pas toujours où on le pense. De nombreux vautours rôdent à la cour. Tout d'abord les oncles du roi, prêts à s'enrichir à n'importe quel prix. Heureusement pour la France, deux d'entre eux sont passés de vie à trépas et le troisième est bien trop vieux pour manigancer quoique ce soit. Ensuite, le duc de Bourgogne, cousin de ces Majestés, qui semble posséder plus de pouvoir qu'on ne le pense. Et que dire de ce pauvre duc d'Orléans, frère du roi, qu'on soupçonne d'être l'amant de la reine et le père des enfants royaux ? Il paraît que pour lui, la France passe avant tout, contrairement à son rival qui préférerait sans doute laisser champ libre aux Anglais. Dans un pays déjà ravagé par les épidémies, la famine et la pauvreté, vient s'ajouter une guerre civile entre Orléans et Bourguignons. Deux familles, deux clans, une chance sur deux de s'en sortir. Ou bien peut-être pas qui sait ? Car déjà une petite phrase envahit les demeures : « Le royaume sera perdu par une femme, mais sauvé par une pucelle. ». Les dés sont jetés …